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Ce roman est la cinquième publication
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Quelques extraits
Mon papa est un peu inquiet. Je ne dis pas ça pour lui causer de la peine. D'ailleurs cela fait
longtemps que cela ne le fâche plus. Chacun le sait bien, qu'il est un peu inquiet. Si vous demandez
"Jeannot", personne ne saura vous renseigner. Le pays est plein de Jeannot. Si vous précisez "Jeannot
l'inquiet", on vous indiquera sans problème, sur la terre entière, de la Chine au Brésil. Papa n'est
pas franchement fou. Il n'a mordu personne, on lui prête même un caractère plutôt doux et les gens
recherchent sa conversation. Seulement, il trouve toujours moyen de faire les choses autrement que
le commun des mortels. Entre ses mains n'importe quel objet peut devenir Dieu sait quoi. Par exemple,
il a accroché des vieilles chaussures à la façade de notre maison pour que les mésanges viennent y nicher.
Imaginez: une douzaine de godasses ramassées sur le bord des chemins, clouées au mur, des godillots
pleins d'oiseaux et de paille. Je vous jure que cela suffirait à étonner plus d'un passant. Heureusement,
on ne croise pas beaucoup de touristes par chez nous...
Le bateau sur la falaise
A l'automne et au printemps, quand les touristes n'ont pas encore envahi le quartier qui longe le port,
quand les volets des boutiques dissimulent des trésors de cigales en plâtre et de sachets de lavande,
les matrones s'installent sur les chaises basses. Elles ont fait raccourcir les pieds de leurs sièges
afin de pouvoir discuter âprement sans être dérangées par les douleurs circulatoires. Les innocents maris
s'adonnent à la sieste alors que les épouses forment le cercle des conspiratrices. C'est là que s'amorcent
les bombes qui retentiront dans toute la ville, quelques jours plus tard. On y distille un venin capable
d'empoisonner l'air de Six-Fours à Bandol plus sûrement qu'une diarrhée nucléaire échappée d'un Tricastin
incontinent.
Le sourire d'Ophélie
Un recueil de nouvelles Que leur vie s'enracine à Piriac ou à Marseille, dérive du Cap Vert à Amsterdam, rêve de l'Adriatique ou de la côte des Etrusques, ils partagent des rêves de départ, de paquebots, de pêches miraculeuses, un attachement viscéral à la mer, à ses promesses. Frôlant l'amour ou la folie, la mort quelquefois... mais avec l'humour ou l'auto-dérision qui nous lient à ces destins. Jean-Louis Serrano est né en 1946. Il vit en Ile-de-France. Il est directeur commercial dans une industrie du bâtiment. Il a publié Les chiens des collines chez Denoêl en 1998, Immigrés en Val d'Oise aux Editions du Valhermeil en 2001, Le monde m'était promis aux Editions de l'Aube en 2003. |
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