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Ce roman est la huitième publication
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Extrait
Dimanche 3 août 2003 — 28° C
Rue Baudelaire
Le jeune homme hagard et muet qui l'avait accueillie refusa d'accompagner Françoise à l'intérieur de la maison. Léchât, par contre, un matou gris aux oreilles déchiquetées, ta suivit sans faire de manières. Dès qu'elle ouvrit la porte de la cuisine, il se ramassa pour bondir. Elle jura, faisant reculer pour un instant le félin inquiet. Mais au moment où elle enfilait des gants et des chaussons en plastique, il se faufila entre ses jambes et la précéda dans la cuisine. L'odeur était suffocante. Le matou était resté en arrêt sur le seuil, une patte en l'air, la queue gonflée, les oreilles aplaties en arrière, un grondement sourd s'échappant de sa gorge. Françoise n'aimait pas les chats, mais elle les connaissait ; quand elle était petite, il y en avait toujours trois ou quatre dans la ferme de ses parents. Elle savait qu'il en faut beaucoup pour affoler un matou. Elle faillit tomber, dérapant dans un liquide poisseux qu'elle mit quelque temps à identifier. Prudemment, elle s'avança dans la pièce, se dirigea vers le bar « à l'américaine » qui séparait le coin-repas du coin cuisine. La tablette du bar était éclaboussée de sang. Dessus, il y avait un combiné téléphonique blanc, désormais moucheté de rouge. Elle pensa que les gens ne devraient pas acheter de téléphone blanc. On ne sait jamais ce qui peut arriver.
Elle évoluait maladroitement derrière le chat qui savait éviter les flaques de sang, avec une grâce si particulière à ceux de son espèce.
L'envie de vomir la reprit lorsqu'elle découvrit le corps dans la cuisine.
Elle s'en voulait de cet excès de sensiblerie. Cela faisait plus de trente ans maintenant qu'elle travaillait dans la police.
A côté de la plaque Fournaise est le troisième roman policier d'Isabelle Amonou qui reprend le personnage de Françoise Levasseur, créé dans Morts fines à Morlaix. Illustration de la couverture par Nicolas Cado. |
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