Isabelle Amonou : Morts fines à Morlaix - Article de Marie-José Christien, dans la revue Spered Gouez n°12 d'Octobre 2005

 

Le titre, aux airs de parenté avec ces produits imprimés vite écrits vite lus, m'a au premier abord inspiré quelques craintes, rapidement dissipées car l'éditeur m'inspire confiance. C'est une jeune maison d'édition associative dynamique, qui jusqu'à présent a fait des choix éditoriaux intéressants.

En fait ce roman est une heureuse surprise. On plonge avec ravissement dans cette histoire où ni les êtres ni les faits ne sont ce qu'ils paraissent. Isabelle Amonou écrit au plus près de ses personnages, avec un sens infaillible du détail. Elle s'en donne à coeur joie en dressant le portrait féroce des carcans sociaux.

L'écriture est ample et imaginative. C'est une histoire simple qui nous rappelle que rien n'est simple, un roman gigogne où plusieurs histoires s'emboîtent : une femme assassinée qui fait ressurgir une enquête bâclée veille de tente ans, un manuscrit et un biographe, sorte d'écrivain public qui « sauve la mémoire des gens en leur permettant de transmettre leurs expériences aux générations suivantes », les recherches d'une clinique rennaise, l'enquête de deux inspecteurs de police, des trafics de morphine et bien d'autres encore. Isabelle Amonou sait trousser une histoire qui tient en haleine. Elle sait brouiller les pistes, tour à tour voiler et dévoiler. De quoi enchanter ceux qui sont prêts à suivre les méandres d'une aventure où tout est toujours à revoir, où la vérité n'est qu'une donnée provisoire. Ce premier roman d'Isabelle Amonou a reçu le Prix du Goéland masque.